Éric Menier, responsable Facility Management à l’Hospice général de Genève
A découvrir
Inside
A+A s’entretient avec Éric Menier, responsable Facility Management à l’Hospice général de Genève
L’Hospice général de Genève assure l’accueil et l’accompagnement de milliers de personnes dans des structures d’hébergement réparties sur l’ensemble du canton. Dans ce contexte, la prévention et la maîtrise des nuisibles — notamment les punaises de lit — représentent un enjeu sanitaire et logistique majeur. Éric Menier, responsable Facility Management à l’Hospice général, revient sur les défis de terrain, les stratégies mises en place et l’importance d’une collaboration rigoureuse entre les institutions et les prestataires spécialisés.
A+A. Comment l’Hospice général aborde-t-il aujourd’hui la question des punaises de lit dans ses structures ?
Eric Menier. La gestion des punaises de lit est devenue un enjeu récurrent dans les structures collectives, et l’Hospice général n’y échappe pas. Nous gérons plus de 25 sites d’hébergement collectif, avec des profils de résidents très variés. Dans ces conditions, la vigilance doit être constante.
Notre approche repose sur trois axes : la prévention, la détection précoce et la rapidité de réaction. Nous avons mis en place des protocoles clairs et formé nos équipes à reconnaître les symptômes d’infestation dès les premiers stades. Cela passe par une observation attentive lors du nettoyage, des interventions techniques régulières, et une communication étroite entre le personnel et nos partenaires spécialisés.
Avez-vous constaté une évolution du phénomène ces dernières années ?
Oui, nettement. Les punaises de lit ne sont plus un problème ponctuel ; elles touchent désormais tous les espaces de vie. À Genève comme ailleurs, on observe une recrudescence liée à la mobilité des personnes et à la résistance accrue des insectes. Mais je dirais que ce qui a le plus évolué, c’est la perception du problème. Autrefois, une infestation était vécue comme une honte. Aujourd’hui, on comprend qu’il s’agit d’un phénomène environnemental, pas social. Cette évolution du regard est essentielle pour favoriser les signalements rapides et éviter les dissimulations, qui aggravent la situation.
Quelle est la place des partenaires privés dans cette stratégie ?
Elle est centrale. Nos équipes internes ne peuvent pas tout faire : la lutte antiparasitaire demande des compétences techniques pointues et des moyens spécifiques. C’est pourquoi nous travaillons en partenariat étroit avec des entreprises spécialisées, qui connaissent parfaitement les contraintes du secteur social et la réalité de nos sites. Leur rôle ne se limite pas à l’intervention en cas d’urgence ; ils participent aussi à la formation de nos collaborateurs, à l’amélioration continue des protocoles et à la sensibilisation des résidents. C’est une relation de confiance, construite dans la durée.
Concrètement, comment se déroule une intervention type ?
Dès qu’un signalement est confirmé, nous déclenchons une procédure structurée. Nous commençons par isoler la zone concernée pour éviter la propagation, puis un diagnostic est posé par le prestataire. Ensuite, l’intervention se déroule en plusieurs étapes : traitement ciblé, contrôle post-intervention et accompagnement des équipes sur place. Ce dernier point est crucial : il faut expliquer, rassurer et former. Une chambre traitée mais mal réutilisée peut redevenir un foyer d’infestation. C’est pourquoi la dimension humaine et pédagogique est aussi importante que la technique.
Vous évoquez la dimension humaine. En quoi est-elle déterminante ?
Parce qu’il y a toujours une personne derrière chaque situation.
Les punaises de lit peuvent générer un stress énorme : perte de sommeil, gêne sociale, sentiment d’insécurité. Dans nos structures, beaucoup de résidents ont déjà vécu des parcours difficiles. Il faut donc aborder le problème avec respect et empathie, sans jugement. C’est aussi là que la qualité du partenaire compte : un technicien formé à intervenir avec tact et discrétion. Cette approche humaine fait la différence entre une simple opération technique et une vraie prise en charge globale.
Quelles sont, selon vous, les clés d’une bonne politique de prévention ?
La formation avant tout. Former les équipes de terrain à identifier rapidement les signes, à adopter les bons gestes et à signaler sans délai.
Ensuite, la coordination : toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble — sécurité humaine & incendie, encadrement social, équipes techniques et prestataires. Enfin, la traçabilité : garder un historique précis des interventions, des résultats et des enseignements tirés. Cela nous permet d’améliorer en permanence nos pratiques et d’anticiper les risques.
Avez-vous constaté un impact concret des actions menées ces dernières années ?
Oui. Les signalements précoces se sont multipliés, mais paradoxalement, les infestations majeures ont diminué. Cela montre que la détection et la rapidité d’intervention fonctionnent.
Nous avons aussi gagné en sérénité collective : les équipes savent quoi faire, les résidents sont mieux informés, et les prestataires interviennent dans un cadre clair. Le sujet reste sensible, mais il est mieux maîtrisé.
Si vous deviez résumer l’esprit de votre démarche ?
Je dirais : anticiper, agir, accompagner. Anticiper grâce à la prévention et la formation. Agir avec réactivité et méthode dès le premier signalement.
Et accompagner les personnes concernées avec bienveillance et professionnalisme. C’est cette combinaison qui permet de maintenir la qualité de vie dans nos structures, tout en gérant efficacement un risque sanitaire réel.
