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A+A s’entretient avec Karin Joergensen, Directrice suisse romande de la SVIT School, sur la formation des professionnels de l’immobilier et le phénomène des infestations de punaises de lit
Après avoir consacré la première partie de sa carrière à l’hôtellerie de luxe, notamment au Beau-Rivage Palace de Lausanne, Karin Joergensen a choisi la transmission des savoirs. Fille d’enseignante et diplômée de la prestigieuse École hôtelière de Lausanne, elle a pris la tête de la SVIT School Suisse romande* en 2014. Depuis, elle y développe une approche à la fois rigoureuse et humaine, plaçant l’évolution et l’adaptabilité au cœur des formations. Entretien avec une directrice passionnée, pleinement engagée dans les enjeux de la profession.
A+A. Madame Joergensen, quelle est la vocation de la SVIT School et à qui s’adresse-t-elle ?
Karin Joergensen. La SVIT School est le centre de formation du SVIT Suisse, l’Association suisse de l’économie immobilière. Notre mission est de garantir des prestations de qualité sur le terrain, en formant aussi bien la relève que les professionnels déjà en poste. Nous nous adressons à un public varié : gérants, experts en estimation, développeurs immobiliers, courtiers, comptables. Des architectes, des ingénieurs et même des avocats suivent également nos cours pour mieux comprendre le secteur. Le monde de l’immobilier évolue rapidement, et la formation continue est aujourd’hui cruciale si l’on veut rester performant.
Avec 60 % de locataires, le marché suisse est particulier. Cette spécificité influence-t-elle vos formations ?
Absolument. Cette majorité de locataires génère une forte demande de compétences spécifiques. Le brevet fédéral de gérant d’immeubles affiche complet chaque année. Mais nous demeurons attentifs à tous les besoins du secteur, y compris ceux liés à l’acquisition et à la vente. La location, avec ses enjeux de satisfaction et de qualité de service, reste néanmoins centrale.

Le logement social, souvent priorisé dans les politiques locales, modifie-t-il votre approche ?
Nous travaillons beaucoup avec les acteurs privés, mais nos formations restent pleinement pertinentes pour le logement social : droit du bail, assurances, maintenance… Les bases sont les mêmes.
Face aux bouleversements de la transition numérique, comment suscitez-vous les vocations ?
Nous proposons des programmes dynamiques, constamment actualisés et proches du terrain. Notre cours d’introduction à l’économie immobilière, d’une durée de six jours, rencontre un franc succès et joue un rôle déclencheur : il permet de découvrir la diversité de notre secteur d’activité et ouvre des perspectives. Mais l’attractivité du métier passe aussi par les employeurs : il faut créer des environnements de travail engageants. Les jeunes générations veulent du sens et un espace d’expression où elles se sentent utiles. Le BIM, par exemple, va devenir incontournable dans le processus de maintenance des bâtiments. Nous proposons un cours spécifique sur le sujet, ainsi qu’un module sur la digitalisation. À la SVIT School, nous défendons l’idée d’une IA au service des professionnels : un « stagiaire » qui les soutient, mais qui reste dépendant de leurs directives. L’immobilier est avant tout une affaire de conseil, d’écoute et de management des relations humaines.
Genève, comme d’autres villes suisses, est confrontée à l’infestation des punaises de lit. Ce sujet est-il pris en compte dans vos cursus ?
Il est vrai que les nuisibles, dont les punaises de lit, posent un défi aux gérants. Dans nos formations, notamment le brevet fédéral de gérant d’immeubles, nous familiarisons les participants avec ce genre de situations : comment réagir, informer le locataire, et surtout coordonner les interventions avec des entreprises spécialisées. Le gérant n’est pas un expert de la désinfestation, mais il doit comprendre et agir judicieusement pour éviter les propagations dues aux mauvais réflexes.

La qualité de l’habitat est-elle donc au cœur de vos formations ?
L’entretien, la salubrité et l’état des lieux sont des points centraux. Nous avons des modules spécifiques sur ces aspects, pour garantir un logement heureux. Le gérant est le lien entre le propriétaire et le locataire, un rôle exigeant qui requiert diplomatie, psychologie et sens pratique. Nous formons à ces « soft skills » indispensables pour un service de qualité suisse.
Enfin, si vous deviez imaginer l’école de l’immobilier en 2040, à quoi ressemblerait-elle ?
Je la vois comme un lieu d’échanges permanents, au service de l’habitat. La technologie enrichit nos processus, mais elle ne remplacera jamais la passion du bâti et la relation humaine. C’est cette alchimie que nous cultivons à la SVIT School : former des professionnels qui savent exploiter les outils, mais aussi et surtout écouter pour identifier les solutions.
*Pour en savoir plus sur la SVIT School, cliquez ICI.