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A+A s’entretient avec Serge Guertchakoff, Directeur des publications chez immobilier.ch, sur le pouls de l’immobilier genevois et le sujet des punaises de lit
Directeur des publications chez immobilier.ch (News immobilier.ch — immobilier.ch — Prestige immobilier) et ex-rédacteur en chef du magazine Bilan, Serge Guertchakoff observe avec sagacité la vie économique genevoise, et surtout son marché immobilier. Nous lui posons six questions liées à la salubrité et au perspectives immobilières de notre magnifique canton.
A+A Désinfection. Quels éléments marquants caractérisent l’habitat genevois ?
Serge Guertchakoff. Je m’intéresse actuellement à trois sujets liés au marché immobilier genevois. Pour parer au manque de terrains constructibles et aux besoins en logements, tout ce qui n’est pas protégé dans l’hypercentre pourrait être surélevé. Genève a d’ailleurs été l’une des premières villes en Suisse à promouvoir systématiquement l’ajout d’étages. Les toitures, surnommées « cinquième façade », deviennent également des espaces d’intérêt pour la végétalisation et la production d’énergie. Des acteurs comme Romande Energie proposent des contrats aux propriétaires pour installer des panneaux solaires et produire de l’électricité, vendue ensuite aux résidents de l’immeuble à un prix préférentiel. Cette tendance, selon moi, va se développer dans les prochaines années. Lors d’une enquête récente sur un programme immobilier, j’ai observé que seulement 10 % des 200 logements étaient prévus en PPE (Propriété Par Étages). Ce déséquilibre freine les primo-acquéreurs et menace la diversité de l’écosystème immobilier genevois. Si notre ville a su attirer des entreprises suisses et internationales de premier ordre, elle doit continuer à adapter son marché immobilier pour rester attractive face aux autres cantons.
Une étude de l’EPFL révèle que la réduction des surfaces habitables pourrait être une mesure nécessaire pour atteindre les objectifs environnementaux d’ici 2050 en Suisse. Qu’en pensez-vous ?
La réalité immobilière d’un territoire découle surtout de sa structure sociale. En Suisse, la surface des appartements augmente régulièrement, réduisant de fait le nombre de logements disponibles. Si cette tendance avait été freinée, environ 40 000 appartements supplémentaires auraient pu être construits entre 2015 et 2021 en maintenant la même surface globale. Par ailleurs, les familles monoparentales partagent souvent la garde des enfants dans des appartements séparés, tandis que l’offre de grands logements diminue dans les nouvelles constructions, posant un problème pour les familles nombreuses. En revanche, on observe un développement des logements adaptés aux étudiants et aux seniors.
On constate que de plus en plus d’immeubles de bureaux et de logements appartiennent aujourd’hui à des institutions plutôt qu’à des propriétaires privés. Pensez-vous que cette tendance favorise un meilleur entretien du patrimoine immobilier genevois ?
La Taxonomie européenne (un cadre de référence environnemental de l’UE) et les nouvelles politiques de durabilité placent désormais l’environnement au cœur du secteur foncier. Les promoteurs sont incités à aligner leurs projets sur les réglementations en vigueur. Dans ce contexte, les grandes institutions, en raison de leurs moyens financiers et organisationnels, paraissent mieux armées pour appliquer ces normes que les petits propriétaires, qui subissent davantage les tensions entre investissement et rendement.
La question des punaises de lit est-elle une préoccupation pour les pouvoirs publics et les professionnels de l’immobilier ?
C’est un sujet peu abordé, en partie à cause du manque de données disponibles. L’absence d’informations limite la prise de conscience des pouvoirs publics, qui n’agissent souvent qu’une fois la situation bien documentée. Introduire des questions sur les infestations dans les enquêtes des offices statistiques et des régies permettrait de mieux évaluer l’ampleur du problème. Aujourd’hui, une intervention coûte bien plus cher que les mesures préventives, ce qui pousse certaines régies à se pencher sur le sujet pour anticiper ces coûts.
En cas d’infestation, qui est responsable : la régie représentant le propriétaire ou le locataire ?
En principe, le bailleur doit garantir un logement exempt de nuisibles lors de l’attribution. Lorsqu’il y a une infestation, la régie prend en charge le traitement des lieux, tandis que les locataires doivent gérer celui de leurs biens personnels. Dans ce type de situation, consulter un professionnel de la désinfestation reste la meilleure option pour avoir une idée claire de ses droits et obligations, tant pour les locataires que pour les régies.
D’après vous, quelles seront les prochaines tendances ou enjeux pour l’immobilier genevois dans les prochaines années ?
L’évolution de l’immobilier à Genève sera marquée par une pression accrue sur la durabilité et l’efficacité énergétique, avec une volonté d’optimiser chaque espace disponible pour répondre aux besoins croissants. Les punaises de lit et d’autres problématiques de salubrité devraient également recevoir plus d’attention, car elles ont un impact sur la qualité de vie et la perception du marché immobilier. À moyen terme, le secteur devra aussi s’adapter aux nouvelles dynamiques de travail et aux préférences de logement, notamment pour les jeunes générations et les familles.