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Les punaises de lit tropicales prennent d’assaut Genève
Des punaises de lit tropicales ont été détectées pour la première fois à Genève par Ophélie Aeschlimann, cheffe d’équipe chez A+A Désinfection. Assez proches de leurs cousines de milieu tempéré, elles nécessitent néanmoins un traitement adapté.
C’est son instinct qui lui a mis la puce à l’oreille: alors qu’elle effectuait une détection canine dans un appartement, Ophélie Aeschlimann observe des punaises de lit qui lui semblent différentes des parasites qu’elle traite habituellement. « Je me suis d’abord demandé s’il ne s’agissait pas de punaises d’hirondelles, car elles étaient proches des fenêtres. » Afin de vérifier l’identité des importunes, elle fait un prélèvement qu’elle examine au microscope avant de l’envoyer à Jean-Michel Berenger, entomologiste réputé basé à Marseille. Quelques jours plus tard, le verdict tombe: « punaises tropicales ».
De la même famille que les Cimex lectularius, les punaises de lit qui infestent les appartements genevois depuis plusieurs années, les Cimex hemipterus venues des zones tropicales en sont très proches visuellement. « Leur forme est un peu plus allongée, leur teinte légèrement plus foncée et leurs pattes plus jaunes », précise Jean-Michel Berenger, « mais ces différences sont de l’ordre du détail. Leur comportement et leurs piqûres sont identiques à ceux de la Cimex lectularius, ce qui les rend d’autant plus difficiles à identifier ».
Adapter le traitement
Elles se distinguent toutefois par une plus grande résistance à la chaleur, origine tropicale oblige. « Exposées au froid, elles mourront plus vite que la Cimex lectularius qui nécessite un traitement allant jusqu’à -20 degrés », analyse Ophélie Aeschlimann. « Pour un traitement thermique en revanche, il faut augmenter la température de quelques degrés, afin de s’assurer de leur élimination totale ». La bonne nouvelle, c’est que les chiens les détectent tout aussi bien que les punaises de lit habituelles, ce qui permet de les localiser avant d’agir. « Si j’observe un visuel ou un comportement différent, j’envoie en analyse, c’est l’assurance de ne pas se tromper dans le traitement ».
Punaises voyageuses
Comme tous les parasites, les punaises de lit se déplacent avec l’homme. « Les voyages et les échanges de marchandises font que l’on retrouve l’hemipterus chez nous et la lectularius sous les tropiques », explique Jean-Michel Berenger qui avait déjà détecté la punaise tropicale à Marseille en 2017. « Elle a aussi été identifiée en Italie, en Suède, en Russie ou en Angleterre mais c’est la première fois qu’on la porte à ma connaissance en Suisse. » L’entomologiste souligne l’importance de signaler les espèces non indigènes dans les pays où elles sont observées: « imaginons qu’il y ait un virus en Afrique et que la punaise de lit tropicale soit porteuse plus que l’autre, pour mieux se protéger, mieux vaut savoir où elle est présente ».